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Nous transformons nos déchets en électricité

Écrit par Olivier
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Le SYVADE, syndicat de valorisation des déchets de la Guadeloupe, présent depuis 45 ans sur le territoire, un acteur de la transition énergétique.

 

ENTRETIEN AVEC MICHEL RINÇON Président du Syvade de la Guadeloupe

Que représente le SYVADE ?


Il exerce la compétence traitement des déchets ménagers et assimilés pour à peu près la moitié de la
population guadeloupéenne (203 930 habitants1) et très exactement, la moitié de la superficie du département (803,5 km2). Son périmètre comprend quatre intercommunalités (communauté d’agglomération Cap Excellence, communauté d’agglomération du Nord Grande-Terre, communauté d’agglomération du Nord Basse-Terre pour les communes de Petit- Bourg et de Goyave et enfin, la communauté de communes de Marie-Galante). Le SYVADE assure la gestion d’environ 90 000 tonnes de déchets ménagers résiduels par an. À cela s’ajoutent environ 20 000 tonnes de déchets ménagers recyclables qu’il confie, après appel d’offres, à des industriels implantés en Guadeloupe et spécialisés dans la valorisation des déchets.

Le syndicat s’est distingué par une politique active et volontariste en matière de collecte sélective des emballages à grande échelle, afin de favoriser les conditions d’un recyclage optimal sur le territoire.

Il a implanté des bornes d’apport volontaire2 dans les deux tiers de la Guadeloupe et lancé des opérations de sensibilisation auprès de la population et singulièrement des scolaires.

Que représente le site de la Gabarre ?

En Guadeloupe, les déchets ménagers résiduels restent encore majoritairement traités par enfouissement. En ce sens, le SYVADE exploite une installation de stockage de déchets non dangereux implantée sur le site de la Gabarre aux Abymes, sur un foncier de près de 35 hectares. L’arrivée de la nouvelle gouvernance à la tête du syndicat, emmenée par Michel RINÇON, en 2008 a impulsé une profonde modernisation de l’outil. Cette transformation a été conduite à partir de 2013, avec le concours d’un groupe national spécialisé dans le développement durable. Grâce à un investissement d’environ 25 mil- lions d’euros, l’ancienne décharge a été définitivement fermée et les trois quarts du site ont été réhabilités. Parallèlement, près de 11 millions d’euros ont été investis pour réaliser les travaux nécessaires à la poursuite de l’exploitation dans des conditions conformes à la réglementation sur l’espace restant.

Ainsi, cette installation, qui a longtemps représenté une verrue dans le paysage de la Guadeloupe, constitue dorénavant une véritable vitrine environnementale. Son exploitation bénéficie par ailleurs depuis 2013 d’une triple certification ; ISO 14001 (Management environnemental), ISO 9001 (Management de la qualité), OHSAS 18001 (Management de la santé et de la sécurité au travail).

La modernisation du site vient de franchir une nouvelle étape avec la construction et la mise en service de la toute première unité de valorisation énergétique du biogaz issu de la dégradation biologique des déchets en Guadeloupe.

Depuis novembre 2017, ce combustible vert est utilisé comme carburant pour alimenter deux groupes électrogènes et produire de l’électricité, vendue à EDF pour être injectée sur le réseau local de distribution. Ce nouvel investissement de près de 3,7 millions d’euros permet une production électrique de 18 000 MWh par an, soit 5 % de la production d’énergie électrique d’origine renouvelable de la Guadeloupe et la consommation annuelle de près de 4 200 habitants.

Avec ce récent équipement, le SYVADE a permis d’inscrire la gestion des déchets comme un élément important de la transition énergétique de la Guadeloupe et contribue à l’atteinte de l’objectif d’autonomie énergétique de l’archipel fixé à l’horizon 2030. Quels sont les enjeux ?

L’utilisation du biogaz comme source d’énergie durable permet de réduire le bilan carbone de la production d’électricité à l’échelle de l’archipel (14 814 tonnes de CO2 évitées par an) et de baisser les émissions de gaz à effet de serre. En s’engageant dans le développement de techniques de valorisation de l’énergie contenue dans les déchets, le

SYVADE lutte également contre la problématique du réchauffement climatique. La mise en place de l’usine de co-génération du biogaz de La Gabarre impactera favorablement les finances du syndicat, générant une source de revenus et une source d’économies. Les recettes de la vente d’électricité seront reversées à la société d’exploitation Gabarre Energies et le SYVADE percevra un pourcentage équivalent à près de trois millions d’euros sur une durée de 15 années. La taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) passera de 24 € la tonne à 17,25 € la tonne (taux en vigueur en 2017) soit une économie de l’ordre de 800 000 euros par an, sur la base d’un tonnage de déchets autorisé de 105 000 tonnes par an. L’opération développée dans le cadre d’un contrat de concession se traduit par l’absence pour le SYVADE d’investissement à porter, de coût de fonctionnement à supporter.

Comment de manière complémentaire, le SYVADE a-t-il contribué à structurer la gestion des déchets sur l’ensemble de la Guadeloupe ?

Depuis le début des années 2000, il exploite une des premières déchèteries construites en Guadeloupe (Édouard Bénito-Espinal) qu’il ambitionne de moderniser, tout en favorisant la possibilité de détourner une partie du flux de déchets collectés vers des activités de réemploi en lui adossant une ressourcerie.
Depuis 2011, il a aussi organisé la logistique de regroupement et de transport maritime des déchets des îles du Sud (Terre-de-Haut et Terre-de-Bas aux Saintes, Marie-Galante et La Désirade), pour faire face à la nécessité de fermer les anciennes décharges non conformes de ces îles situées entre trente minutes et une heure de bateau du reste de la Guadeloupe dite continentale. Il exploite aujourd’hui un quai de transfert à Marie-Galante, où les quelques 3 000 tonnes de déchets produits annuellement par les 12 000 habitants de l’île sont regroupés avant d’être acheminés par bateau, deux fois par semaine, vers les installations de traitement situées à la Gabarre. Le SYVADE projette, avec la communauté de communes de Marie-Galante, de compléter l’équipement existant pour prétraiter et réduire au maximum les déchets sur place afin de limiter les coûts de transport maritime.

Plus généralement, il a engagé le processus visant à concevoir, puis construire une unité de traitement des déchets sur le site de la Gabarre sur la réserve foncière d’une dizaine d’hectares. Après plusieurs échecs au cours des vingt dernières années, la construction de cette usine constitue une absolue nécessité. Il s’agit, bien sûr, de réduire au maximum le recours à l’enfouissement des déchets sur un territoire insulaire où la disponibilité foncière est rare.
Alors, qu’actuellement environ 70 % des déchets produits en Guadeloupe sont encore traités par enfouissement et 30 % valorisés, l'objectif est de réduire l'ensevelissement à environ 20 %.
D’ici là, pour assurer la continuité du traitement des déchets pour le compte de ses adhérents, le SYVADE doit aménager de nouvelles alvéoles de stockage sur le foncier résiduel. Elles sont indispensables pour disposer des capacités de traitement permettant de tenir jusqu’à la mise en service de l’usine en 2022-2023. Ces investissements devront être réalisés en maîtrisant au maximum les coûts d’investissement et de fonctionnement et générer de nouvelles recettes d’exploitation. Et le président du SYVADE, Michel Rinçon de conclure « J’ose espérer, par ailleurs, que dans les temps à venir, les exigences de la population prendront le pas sur les hésitations des élus ».

 

 

 

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